56e Parallèle nord, série de 7 tableaux peints à l'acrylique, dimensions variables (min. 6 pouces - max. 30 pouces), 2015.

 

Démarche : de l'observation à l’appropriation


Dans ce projet peinture, j'ai déambulé dans le monde virtuel que m’offre les images de l'actualité sur internet. Dans ce contact déréalisé de l’existence, impossible de faire fi des conflits actuels que me livrent l’univers du numérique. J'observe des centaines d’images de Fort McMurray (Alberta - Canada), immense projet d’extraction des sables bitumineux, consciente des divers points de vue sur le sujet et de la controverse qu’il suscite.


Je pratique l’emporte-pièce sur les images des médias de masse que m’offre le virtuel. Dans ce vaste fond culturel partagé, j’extrais d’infimes fragments qui deviennent des éléments de composition. Je puise dans l’amas d’images existantes, je m’en sers comme boîte à outils en vue d’une re-création.


Si la découpe à l’emporte-pièce est un « take » sur l’image numérique, la traduction en peinture est un « make » en soi. Autrement dit, les opérations d’emporte-pièce sont non seulement effectuées dans les images référencées mais aussi dans les tableaux. Dans les compositions finales, je mets de « l’absence en œuvre » par diverses stratégies formelles : motif géométrique plaqué sur le paysage qui en masque une partie — espace bouché en pleine pâte — noirceur et couleurs sombres — schématisation des figures — gros plan et absence de contexte. Je re-crée de nouvelles images en employant des formats et des supports différents, en épurant certaines parties, en exagérant d’autres, en modifiant le cadrage et les effets de perspective. Par endroits, la touche remplie de peinture occulte la figure plus qu’elle ne la montre ; dans d’autres parties, l’absence de peinture laisse entrevoir le support. Ainsi le désir s’ouvre sur un manque de voir.

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